1994 - 2001
TEXTES POUR LA MUSIQUE ET LA SCÈNE
Enjeux
Correspondances
Mobiles
Version livre
L’impossibilité de publier quelque fiction « expérimentale » que ce soit au cours de la régression éditoriale des années 1980 m’a conduit – parallèlement à ma collaboration à la revue conséquences (1983-1991) – à former un projet imprévu : décliner l’écriture suivant différents contextes. Variant en fonction de mes souhaits et des opportunités qui m’ont été offertes, ces contextes furent successivement le lieu d’exposition, la salle de concert voire la scène, les espaces de la radio. Ainsi sont nés le récit plastique Un plan tramé, ces Textes pour la musique et la scène et Plan libre, représentation radiophonique de la villa Savoye. À chaque fois le texte est déduit des propriétés du médium utilisé et des particularités de son lieu d’accueil.
Bien que ces travaux ne soient pas destinés à la page, j’en ai simultanément conçu des « versions livre », selon différentes modalités qui, ne répondant jamais à quelque genre répertorié que ce soit, ont été difficiles à publier.
C’est cette difficulté qui m’a, au fil des années, conduit à privilégier le lieu d’accueil plus usuel du livre, un retournement imprévu de l’Histoire ayant de surcroît rendu peu à peu ce support plus favorable à l’expérimentation en raison de l’émergence d’un réseau éditorial parallèle. J’ai donc pu finalement écrire des fictions déduites des particularités de l’objet livre, à savoir les « romans » in situ, flipbook et 3D, respectivement intitulés Le Stade, La Poursuite et Le Continuum, l’ensemble constituant Le Volume unifié.
Pour ce qui est de ces trois Textes pour la musique et la scène, ici donc présentés en « version livre », réalisés respectivement en collaboration avec le musicien Gérard Buquet et le plasticien Patrice Hamel (Enjeux, 1994), le compositeur Marc-André Dalbavie et le plasticien Patrice Hamel (Correspondances, 1997), puis avec le compositeur Marc-André Dalbavie (Mobiles, 2001), on pourra lire dans la seconde partie de mes Révolutions sonores la base théorique qui a permis de les élaborer.
Cette ouvrage sur Daniel Buren étudie l’évolution du travail de cet artiste, né en 1938, depuis l’apparition de ses fameuses bandes alternées en 1965 jusqu’aux grands dispositifs plastiques de ces dernières années.
L’apport majeur de Daniel Buren est d’avoir inversé la relation que les œuvres entretiennent avec leurs lieux d’exposition. Les lieux de présentation des œuvres n’étant jamais neutres, Daniel Buren intègre les caractéristiques du lieu dans l’œuvre elle-même. Il évite ainsi que ses travaux soient détournés par leur lieu de présentation.
Les travaux in situ de Daniel Buren, déduits des lieux où ils prennent place, intègrent aussi la place du regardeur. Autrement dit, celui-ci est en mesure de percevoir visuellement et donc de comprendre, avec un minimum d’informations extérieures, les mécanismes qui relient l’œuvre au lieu d’accueil qui la provoque. C’est dans ce sens qu’un certain nombre de travaux de 1971 à 2001 sont ici analysées.
Si le concept d’in situ permet aux œuvres qui s’en réclament d’être éventuellement rejouées, à la façon des partitions musicales, il conduit aussi Daniel Buren à élargir le domaine des arts plastiques à l’ensemble du champ visuel.
2005
PLAN LIBRE
Editions M.F
coll. « Délai »
Représentation radiophonique de la villa Savoye (livre avec CD)
Plan libre a été conçu pour un atelier de création radiophonique de France Culture, Les Heures claires de la villa Savoye, diffusé sur cette chaîne le 15 juin 2003
Plan libre est un texte à quatre voix, qui propose une représentation radiophonique de la villa Savoye. En fait, ce sont seulement les aspects de la villa susceptibles de trouver un équivalent radiophonique qui ont été effectivement représentés. Ainsi, le parcours de la rampe donne lieu à un traitement stéréophonique, le mouvement du texte d’un haut-parleur à l’autre simulant le déplacement du visiteur arpentant cette rampe. Le principe du plan libre, avec lequel le cloisonnement de l’espace est indépendant des contraintes de la construction, est, lui, pris en charge par le montage, car les découpes du texte s’émancipent progressivement de la segmentation usuelle de la langue parlée. Enfin, l’ambiguïté entre espaces intérieur et extérieur, particulièrement manifeste à la villa Savoye, est également prise en compte. Des commentateurs successifs, toujours entendus au premier plan, critiquent en effet ces représentations radiophoniques, censées prendre place dans l’architecture de la villa. Mais piégés par l’objet de leur écoute, ils quittent chacun à leur tour cette position extérieure pour rejoindre ce qui leur apparaîtra, finalement, comme le lieu interne d’une fiction.
Avec les voix de :
Sylvia Conti,
Emma Morin,
Gilles Blanchard
et Jean-Benoît Terral,
Réalisation :
Lionel Quantin
2005
LE SON EN TOUT SENS
Éditions Billaudot
Marc-André Dalbavie entretiens avec Guy Lelong
Marc-André Dalbavie a fait du son le départ de sa musique. À la suite des initiateurs de ce courant qu’on nomme depuis la « musique spectrale », il a développé, plus qu’aucun autre compositeur de sa génération, des potentialités inattendues de ce nouvel espace sonore. Ayant ainsi projeté le son en tout sens, il est aujourd’hui l’auteur d’une œuvre conséquente, qui est aussi l’œuvre du son. À la fois hautement conceptualisée et d’une grande séduction sonore, sa musique apparaît toutefois pour le moins paradoxale, puisque une idée reçue de l’époque voudrait que ces deux aspects n’aillent pas de pair.
Réalisé à l’occasion de la rétrospective que le festival Présences de Radio France consacre cette année au compositeur, cet ouvrage se propose de lever ce paradoxe, en faisant mieux connaître les particularités d’une pensée, toute tournée vers l’ouverture du champ sonore.
Les questions ici formulées ne sont pas celles d’un musicologue mais celles d’un écrivain, qui a été un ami proche de Gérard Grisey puis de Marc-André Dalbavie, avec lequel il a collaboré pour plusieurs de ses œuvres vocales. Le propos, même quand il se fait plus technique, reste donc accessible au lecteur non spécialiste. En fait, le mouvement de ces entretiens est d’aller, chaque fois, de la sensation de l’auditeur à l’art du compositeur, pour mieux y revenir.
Table des matières
Avant-propos
Histoires
La pensée spectrale
Un principe de coïncidences
Le passage à l’espace
L’harmonie retrouvée
Méthodes de composition
Les pôles de l’orchestre
Le chant désigné
Un piano invariant
La tentation de l’opéra
Ouvertures
2008
GÉRARD GRISEY
ÉCRITS
OU L'INVENTION DE
LA MUSIQUE SPECTRALE
Éditions MF
coll. « Répercussions »
Ce volume réunit l’ensemble des écrits significatifs de Gérard Grisey, qui a été l’un des principaux inventeurs de la musique dite « spectrale ». Ces écrits sont regroupés suivant six grandes catégories : Écrits sur ses principes de composition, Écrits sur ses œuvres, Autres écrits et textes de circonstance, Entretiens, Lettres, Pages de journal.
Les Écrits sur ses principes de composition et les Écrits sur ses œuvres sous-tendent une conception de la musique, définie en continuité avec la nature du phénomène sonore. Élaborée parallèlement à la composition du cycle Les Espaces acoustiques (1974-1985), cette pensée théorique participe de trois grands principes : l’unification du champ sonore, qui permet l’intégration musicale de tous les sons, une conception de la forme régie par des processus de transformation orientée, la perception en temps réel de ces transformations orientées.
Si les textes théoriques ne cherchent en un sens qu’à valider les découvertes du compositeur, les Autres Écrits et textes de circonstance portent plutôt sur « la » musique pour la considérer sous les aspects les plus divers et, notamment, dans sa relation avec le contexte social. Pour la plupart réalisés après la composition des Espaces acoustiques, les Entretiens portent principalement sur la seconde période du compositeur, celle où il a cherché à superposer trois types de temps (dilaté, contracté, « discursif »).
Quant aux Lettres et Pages de journal, de régime plus intimiste, ils permettent à ce volume de décliner les registres de l’écriture selon une gradation qui va de la conceptualisation théorique au rapport personnel.
2012
BUREN
Flammarion/CNAP
Édition augmentée
Avec cette réédition, l’ouvrage est augmenté d’un épilogue qui présente certains travaux de l’artiste réalisés au cours de la dernière décennie et place sa démarche dans une perspective artistique plus large.
2018
GÉRARD GRISEY
ÉCRITS
Éditions MF
coll. « Répercussions »
Cette deuxième édition est principalement augmentée d’un ensemble de lettres. Des extraits de lettres à Jocelyne Simon-Grisey, datant, pour une part, de la fin des années 1960 et, pour une autre, du début des années 1980. Si le ton des premières prolonge celui du Journal d’adolescence, celui des secondes est celui du compositeur affirmé. Deux lettres à Michèle Castellengo, alors chercheuse en acoustique musicale au Laboratoire d’acoustique musicale de l’Université de Jussieu, qui lui a fourni des sonagrammes (images de l’analyse spectrale d’instruments) dont il avait besoin. Deux lettres au musicologue Jean-Noël von der Weid datant de la composition des Chants de l’amour (1982-1984). Les circonstances dans lesquelles ces lettres ont été écrites sont précisées à la rubrique « Notices et compléments » de la partie Dossier. De plus, trois notes de programmes d’œuvres de Gérard Grisey ont été augmentées ou variées en fonction du texte, différent ou plus long, intégré à quelques-unes de ses partitions. Enfin, nous avons supprimé le sous-titre « ou l’invention de la musique spectrale », pensant que l’œuvre de Gérard Grisey n’avait aujourd’hui plus besoin de cette accroche.
Les explorations sonores
de Gérard Grisey, entretien
de Guy Lelong avec David Christoffel